Aaaah les vacances : le rêve des professeurs, plus d’élèves, plus de hiérarchie, d’inspections, tout va bien ! On peut se détendre, faire des bêtises, s’habiller comme on le veut. Le professionnalisme à la poubelle !
Et si ce n’était que ça, comble de la chance, la semaine avant les vacances j’avais gagné à la loterie d’ Eternia.
Mes vacances s’annonçaient donc sous le soleil des tropiques, sans élèves, et sans personne pour m’embêter. Que souhaiter de plus ?
Ma valise en main, plutôt grande, j’étais une fille forcément, je m’avançais avec émerveillement en direction de l’immense bateau, hyper luxueux qui nous attendait.
Rien que de le regarder, de la joie et de la motivation montèrent en moi à une vitesse, tant et si bien que je ne pus m’empêcher de pousser la chansonnette.
J’eus l’immense surprise d’entendre alors quelqu’un me saluer comme si on se connaissait. J’aurais pourtant pu jurer que ce n’était pas le cas.
C’était une belle blonde, qui avait l’air un peu fofolle, mais à mon grand soulagement ce n’était pas une de mes élèves, je m’en souviendrai sinon.
Je n’avais pas encore eu le temps de sortir énormément du pensionnat depuis mon arrivée, et je n’avais donc pas rencontré énormément d’habitant, en dehors du serveur chez qui j’achetais un café tous les vendredis soir en rentrant dans mon appartement en ville.
Alors que je pensais commencer mon début de croisière tranquillement, je remarquai être arrivée derrière la blonde bizarre de tout à l’heure. Après avoir salué de nouvelles personnes, elle s’était tournée vers moi, sans doute attirée par ma chansonnette, et commença à parler, parler , paaarler… Au bout d’un moment j’entendais sans entendre :
« Salut ! Comment tu t’appelles ? Moi c’est Aelig, j’ai trop hâte de profiter de cette croisière ! Toi aussi ? J’espère qu’ils servent du bon champagne, même si à vrai dire je préfère le chouchen. C’est bien fait non ? Le yacht est très beau, il me rappelle un peu celui d’un ami de mes parentes, mais qui était sur la terre ferme. C’était un drôle de concept. Et toi, tu aimes bien l’eau ? J’avais une cousine, maîtresse des vagues comme il en existe rarement. C’est dangereux comme profession mais elle s’y plaisait. »Alors j’haussai simplement un sourcil et répondis :
-Pardon... ?Puis j’ajoutai en soupirant :
-Oui j’espère bien profiter de cette croisière. Mais ça avait l’air mal partie avec une pipelette comme elle. A espérer que nous n’étions pas voisine, ce serait un début insupportable pour les vacances.
J’ajoutai ensuite :
-Je m’appelle Liliane Oswald, tenez.J’avais entre temps sortis doucement une sucette, l’avait déballée, et l’enfourna de force dans sa bouche pour la faire taire, la voyant rouvrir sa bouche.
Elle n’eût pas le temps de protester plus car le marin avait appelé la demoiselle, je soupirai de nouveau satisfaite : enfin débarrassée.
Je me présentai à mon tour, souriante, montrai le ticket, pris la clé qu’on me tendit et m’en allai tranquillement dans ma chambre en me remettant à chantonner.
J’ouvris la chambre qui m’étais affiliée, rentra la valise dans la chambre, et me retourna doucement en entendant des bruits de pas s’approchant de ma chambre : un possible voisin… ou pire, une impossible voisine ?