Pour une fois dans ta vie, le jour maudit de ton anniversaire va se passer le plus simplement possible. Il tombe un dimanche cette année, tu ne travailles donc pas. Ça ne t’aurait pas déranger, mais ça te fait aussi du bien de pouvoir tester un anniversaire selon tes souhaits. Personne pour te faire chier, pas d’événement bizarre, rien que toi et toi seul pour passer le temps comme tu le ferais n’importe quel autre dimanche. Tu n’as toujours pas dit la date à Lucas, et bien qu’il te manque terriblement tu ne regrettes pas ton choix. Tu aurais eu trop peur que tout dégénère. D’ailleurs, en pensant à Lucas… ça commence à faire long sans le voir. Tu ne veux pas douter de lui, mais tu ne peux pas t’empêcher de te demander s’il a pu te tromper lorsque vous n’étiez pas ensemble. Pénible… Fais lui confiance.

Tu n’as rien prévu pour aujourd’hui, et ça te fait un bien fou. Tu te lèves tard, traînes au petit déjeuner en lisant un livre, opères un chat… Il n’y a absolument rien de spécial. Et c’est ça qui change. Tu te laisses aller à prendre ton temps, à faire ce que tu veux quand tu veux. Tu t’habilles de manière décontracté et ne prévois aucune sortie pour aujourd’hui. Ça reste comme n’importe quel jour de congé, en moins… lourd. Ton retour à Eternia a été compliqué mentalement. Tu as failli te faire virer à cause de ça, et tu as eu beaucoup de difficulté à te reprendre en mains. C’était horrible. Là, ça va mieux, tu as le plaisir de ne rien faire un jour de l’année où tu es habituellement surchargé. Tu n’attends donc rien de ce jour, si ce n’est te sentir un peu mieux, avoir moins envie de mourir. Peut-être que la présence de Lucas aurait aidé. Hm, tant pis, l’année prochaine. C’est aussi bien de rester seul, même si tu comptes les jours d’ici le retour de ton copain.

Quand on frappe à la porte, ta première réaction est de faire le mort. Tu ne comptes pas ouvrir, pensant qu’il s’agit de quelqu’un pour Lucas ou d’un témoin de Jéhovah. Bref, personne pour toi. De toute façon tu ne veux pas te coltiner des gens, la personne devra donc se faire à l’idée et partir. Le problème, c’est qu’il y a des fenêtres, et tu es visible de l’une d’elle. Tu t’en rends compte lorsque le livreur toque au carreau, fait des gestes pour se faire voir. Il montre son carton et son bouquet, et tu ne comprends pas. Il s’est définitivement trompé de logement. Tu décides de l’ignorer et ça dure bien 10 minutes avant que tu ailles lui ouvrir la porte.

Le livreur te donne alors un bouquet d’hibiscus et un carton. C’est quoi ce bordel ? Sans le remercier, tu lui claques la porte au nez et vas déposer tout ça sur la table pour voir ce que c’est. Tu mets d’abord les fleurs dans l’eau, puis tu regardes le contenu du carton. Un gâteau. C’est une blague ? Sceptique, tu regardes plus attentivement les fleurs. Des hibiscus. Lucas avait parlé d’hibiscus lorsque tu étais chez lui. Sauf qu’il n’est pas là et il ne connaît pas la date de ton anniversaire. Concernant le gâteau, c’est hyper bizarre. Ça ne peut pas être un cadeau de ton boulot, même s’ils connaissent ta date de naissance. Il n’y a aucun mot. Le design du gâteau est sympa, il donne envie. Cependant… Ne sachant pas d’où il vient, tu préfères ne pas y toucher. Des fois qu’on voudrait t’empoisonner. Tu pars loin, mais c’est possible connaissant tes parents. Le truc, c’est qu’ils savent pas où tu loges.

Tu pousses un profond soupir et te masses les tempes. Bon sang… S’il y a bien une chose que tu ne voulais pas, c’était de te prendre la tête. Tu refermes le carton et décides que tu verras ça plus tard. Au pire tu le mangeras au dîner, et s’il contient du poison tu y passeras. Pas que ça t’affecte particulièrement. Ensuite, tu retournes lire pour profiter du reste de ta journée d’anniversaire qui devient franchement bizarre. Rendu nerveux, tu n’arrives pas à te concentrer sur les pages et ne cesses de jeter des coups d’œil au bouquet et au gâteau. Sérieusement, ça sort d'où ?

On frappe à nouveau à la porte, et tu crois péter un câble. Pourquoi le seul jour où tu veux qu’on te foutes la paix, de tous les jours de l’année, il faut qu’on frappe à la porte DEUX FOIS ?! Ça n’arrive jamais ! C’est une malédiction, c’est ça ? D’abord un livreur qui te file des trucs que tu comprends pas, ensuite Pierre Paul Jacques le voisin qui a besoin de sucre pour faire des crêpes ? Ou alors c’est le livreur, et il a oublié de te faire signer l’accusé de réception. Ah putain, c’est sûrement ça. Qu’il aille au diable, merde ! Histoire qu’il ne s’agite pas comme tout à l’heure à la fenêtre, tu vas ouvrir la porte, un crayon en main.

« Quoi encore ?! »

Ton irritation s’évapore instantanément quand tu vois qu’il s’agit de Lucas. Un Lucas bien habillé, toujours aussi beau. Il te sourit, te souhaite joyeux anniversaire… Hein ? Comment ça joyeux anniversaire ? Tes cadeaux ? Ton frère te souhaite bon anniversaire ? Putain de bordel de merde, Roman… Lucas te demande également si tu vas bien, et tu dois mettre trop de temps à répondre car il a le temps de t’embrasser avant que dises quoique ce soit.

« Uh… Euhm… Mais… Tu aurais pu envoyer une carte. »

Il te fait plaisir en étant ici, mais tu ne sais pas comment réagir. Tu es habillé n’importe comment, il y a un bordel sans nom dans l’appart et un chat mort dans un coin… Merde, tu aurais dû le débarrasser. Avec une carte pour te prévenir, tu aurais pu arranger… tout ça. Tu fermes la porte derrière Lucas, et prends conscience que tu ne lui as même pas dit merci.

« Merci. Hm… Les cadeaux, c’est les fleurs et le gâteau ? …Roman est incorrigible, toujours à ouvrir sa bouche quand il faut pas. »

L’effet n’aurait pas été le même, c’est sûr ! Tu aurais été préparé et c’est pas rien. Tes questions et réflexions font rire Lucas, mais tu ne trouves pas ça se drôle. Tu sais que Roman t’adore, bien que vous soyez des champions pour ne pas vous témoignez d’affection, mais il n’était pas obligé de te souhaiter joyeux anniversaire cette année. Ni les suivantes, ni les précédentes, d’ailleurs. Il aurait pu éviter de mettre Lucas au courant. Enfin, ça ne te déplaît pas forcément, tu es juste trop surpris pour totalement apprécier sa présence pour le moment. Ça arrivera vite.

Lucas te taquine alors en parlant d’un autre homme, et ça te fait rire un peu. Bien sûr, un autre homme. Il arrive qu’on te drague au café, hommes et femmes confondu.es, mais tu n’acceptes que les fleurs de Lucas. Tu l’embêtes :

« Pfff, Si tu savais. »

Puis tu réponds plus sérieusement :

« Je me suis pas mis en couple avec toi pour aller voir ailleurs, j’avais le temps de le faire avant. »

Tu mets un peu d’ordre dans le salon et débarrasse le chat mort. C’est à dire que tu rassembles une grande partie du bordel pour qu’il soit centralisé et plus éparpillé, et tu… jettes le chat par la fenêtre.

« Je l’enterrerai plus tard. »

Tu vas ensuite te laver les mains, doutant que Lucas n’appréciera pas de se faire toucher si tu les laisses sales des germes d’un animal crevé.

« J’ai pensé à toi en voyant le bouquet, mais je pensais pas que tu viendrais.  »

Comment compte-t-il faire comprendre que tu es pris ? Tu es curieux de voir ça et tu le lui dis, bien que tu ne sois pas friand des démonstrations de jalousie. C’est souvent trop violent, de ce que tu connais.
Quand tu vas te laver les mains, tu ne l’entends pas approcher dans ton dos. Tu ne t’attendais donc pas à ce qu’il passe ses bras autour de ta taille et qu’il dépose un baiser dans ta nuque. Ça te fait sursauter, et tu envoies voler le savon à cause de la surprise. Merde ! Tant pis, tu iras le chercher plus tard. Tu te tournes vers lui et passes tes bras autour de son cou pour le rapprocher de toi.

« Non. Maintenant que tu es là, je ne te laisserai pas repartir. C’était pas ce que j’avais prévu, mais bon… C’est bien aussi. »

Tu l’embrasses, puis tu regardes ailleurs quand il demande ce que tu faisais avant qu’il arrive. Uh… Ta réponse va être minable, tu es embarrassé de la donner.

« Rien. Je lisais. Je profitais qu’il ne se passe rien, pour une fois. »

Tu te détaches de lui en répondant, pour aller chercher le savon qui a glissé plus loin. Il est difficile à attraper et ça t’agace. Tu finis donc par prendre un scalpel qui traîne pour le planter dedans, puis tu le ramènes à l’évier où tu le rinces. Tu te tournes ensuite vers lui.

« C’était risqué de venir, en tout cas, Tu n’avais pas peur ? »

Lucas te répond que si tu ne veux rien faire du reste de la journée, c’est ce que vous allez faire. Toi ça te va très bien, mais tu doutes bien que lui supportera très peu de rester assis à rien faire pendant longtemps. Au pire vous pourrez vous occuper à deux.
A ta seconde question, Lucas demande si tu parles de son royaume. Techniquement oui, son royaume est concerné. Tu secoues la tête et réponds :

« Peur de ma réaction. Au début j’étais trop surpris, je savais même pas si tu me faisais plaisir en étant là. »

Ok Nicephore, peut-être un peu trop honnête. Puis tu es content qu’il soit présent, au final. Certes, ça bouleverse tes plans de « rien », mais ne rien faire avec lui c’est bien aussi. C’est même mieux. Lucas va s’asseoir sur le canapé, à côté de ton livre. Il s’agit d’un essai d’ingénierie robotique appliquée aux prothèses. Tu l’as comme qui dirait volé à une bibliothèque universitaire, mais ça Lucas n’est pas obligé de le savoir. Tu le rejoins et tu t’installes à côté de lui, faisant attention à ne pas perdre la page du livre tandis que tu le poses sur la table à côté.

« Enfin, je suis vraiment content que tu sois là, rassure toi. Tu m’as manqué. »

Tu l’embrasses à nouveau.

- je ferais tout ce que tu veux pour ton anniversaire, alors dis moi ... Que veux-tu faire ?

Tout ce que tu veux, hein… ? Tu n’es pas sûr que « sers moi de coussin pendant que je lis mon essai » lui fasse plaisir. C’est pourtant la seule chose qui te vient en tête, tu n’avais vraiment rien prévu d’exceptionnel aujourd’hui. Tu t’installes confortablement contre lui quand même et reprends ton livre.

« Finir au moins mon chapitre. Ou deux, ou trois. »

Avec ce que tu lis actuellement, tu peux trouver un moyen de prolonger la durée de vie de ce que tu réanimes, au-delà de l’utilisation de ton pouvoir. La technologie prendrait le relais sur la magie. Il faudrait que tu testes ce que ça donne au niveau comportemental, aussi. Ça n’aurait pas de sens si le résultat n’était qu’un zombie sans âme. Tu expliques tout ça à Lucas, puis ajoute :

« Mais pour ça il faut comprendre et maîtriser un peu la robotique, ce qui ce fait entre ce domaine et la médecine. C’est très intéressant. »

Et aussi complètement contre-nature, d’après l’utilisation que tu veux en faire. Ça t’importe peu, ton pouvoir l’est par essence donc ce ne serait que le prolongement.

« Désolé, ça doit t’ennuyer. Tu voudras aller te promener après ? »

Tu secoues la tête quand Lucas dit que PITA sera bientôt obsolète. Techniquement non, Tu n’as pas fini de le découvrir et tu pourras le modifier, l’améliorer dans le futur… L’obsolescence a l’air d’être un principe bien cher à la technologie de ce monde, tu ne l’aimes pas trop. Si tu as possibilité de réutiliser et d’améliorer tes affaires, tu préfères ça.

« Mais non, PITA a encore un long chemin à faire, je ne vais pas m’en séparer comme ça. Qu’est-ce que tu comprends mieux ? »

Lucas te dit que tu ne l’ennuies pas du tout, et que c’est comme tu veux. Tu sais bien, mais ça t’embarrasse de lui imposer quelque chose qui peut possiblement l’embêter. Si le principe « je fais ce que je veux c’est mon anniversaire » t’allait très bien tant que tu étais seul, là, tu n’en es plus si sûr.

« Hm d’accord, ben on va rester là alors. »

Quand Lucas ajoute, taquin, qu’il ne te demandera que de goûter au gâteau, tu jettes un coup d’oeil vers le carton. Roman a aidé à le choisir, il faut donc le voir comme un cadeau commun. Hm… Ouais mais Roman et ses idées de merde… Tu es sceptique.

« Il t’a dit que j’adorais les gâteaux à la moutarde et au vinaigre balsamique ? S’il est à ça, j’y toucherai pas. »