Tu es plutôt soulagé que Lucas propose de rester manger à domicile. Vous êtes déjà sorti hier, comme il l’a dit, et tu préfères largement l’intimité d’un moment à deux sans avoir à se soucier des gens autour. Ce qu’il dit te rend curieux, tu as hâte de voir ce qu’il prépare. Tu comptais regarder la préparation, mais il te demande de t’occuper de la table. Ah oui, vous n’allez pas manger à même la table. Le problème c’est peut-être que tu ne fais que la moitié du travail, posant les assiettes empilée l’une sur l’autre sur la table, avec les couverts dedans, avant d’aller t’asseoir sur le canapé en attendant. Pris dans une pile de notes que tu avais laissé traîné, tu ne l’entends pas s’approcher et son souffle te fait sursauter.

« Euh je, j’arrive. »

C’est à ce moment là que tu te rends compte qu’il ne peut pas servir vu que rien n’est correctement installé sur la table. Tu le rejoins donc rapidement pour tout bien installer, puis tu t’assois à table. C’est probablement très bon, il est doué en cuisine donc tu t’attends forcément à quelque chose de bien. Ça l’est. Le plat est très relevé et sentir autant les épices te fait sourire. Pour l’embêter, tu lui dis :

« C’est très bon, mais ça manque un peu d’épices. »

Puis tu continues tranquillement, sirotant au passage la poche de sang, avant d’ajouter :

« Je plaisante, il y a ce qu’il faut. »

Le repas se termine trop rapidement pour le temps qu’il reste, encore raccourci par la vaisselle à faire. Lucas revient ensuite vers toi et tu le laisses jouer avec tes cheveux, soupirant légèrement quand il parle de revenir rapidement. Ça ne sera jamais assez rapide, tu seras à nouveau seul et plus tu restes avec lui moins tu t’y habitues. Tu ne t’ennuies pas, mais tout est pire quand il n’est pas là pour que te permettre de penser à autre chose.

« Hm, rapidement. Dans 3 mois c’est ça ? »

Tu ne peux pas trop t’en plaindre, il est roi après tout. Tu l’embrasses également, prolongeant un peu le contact puisque vous allez bientôt vous séparer. Ça passe trop vite.

Tu ne lui rends pas son sourire quand il te répond « un mois et demi ». Ce serait mieux, oui. Moins long, moins difficile à attendre. Trois mois, c’est toujours trop loin et tu as des mauvaises passes parfois trop violentes pour être heureux à la perspective d’attendre longtemps. Ne pas être patient n’aide pas, évidemment. Toi aussi tu aimerais l’avoir avec toi tout le temps, qu’il fasse des bêtises ou non pour créer des occasions de se voir. Tu préférerais même qu’il évite, il est beaucoup trop négligent avec lui-même.
Vous restez côte à côte pour le temps qu’il vous reste, lui t’embêtant et toi contrant ses bêtises pour la forme. Lorsqu’il t’embrasse, tu profites de ce dernier long baiser, contrarié que son départ arrive si vite. Comme à chaque séparation, tu es plutôt froid et détaché, mais surtout très ennuyé. D’où ta froideur, nécessaire pour dissimuler l’ennui que son départ provoque. Tu l’embrasses une dernière fois avant qu’il parte, puis tu retournes dans la salle pour… Quoi ? Que faire ? L’appartement semble vide et tu n’as aucune volonté. Tu ne t’occupes pas des affaires qui traînent et décident plutôt d’aller t’allonger pour faire taire les vagues négatives qui reviennent déjà. Ça t’énerve, ce pessimisme immédiat, fatigant.

Dans tout ça, tu en viens à penser à la raison de la présence de Lucas pour ton anniversaire. Roman lui a donné la date, quand bien même il sait que tu n’aimes pas ce jour. Il voulait faire passer le message et… Attends. Pourquoi tu n’emprunterais pas le portail pour aller le remercier ? Pour aller le voir. Même rapidement, tu seras sûrement revenu avant le lendemain de toute façon. Ainsi, tu évites aussi de te morfondre pour un temps. Pourquoi pas. Tu ne penses pas au fait que c’est une mauvaise idée, ou aux risques que ça implique. Il te faut du temps pour te motiver quand même, et encore plus pour préparer tes affaires. Tu oublies la moitié de ce qui est important, mais tu t’en fiches. Il est donc 16h lorsque tu passes le portail en direction du pays des hybrides tritons, atterrissant dans l’enceinte du château.

Les gardes en poste sont aussitôt alertés par le bruit du portail, et tu te retrouves rapidement encerclé et questionné. Tu aurais peut-être pu essayer de contacter ton frère avant, pour éviter ça. Ou ne pas y aller tout court. Il n’empêche qu’à la mention de ton nom et de ta relation avec leur gouverneur, ils sont beaucoup plus prompt à t’écouter. Sûrement pour éviter les problèmes, ta famille a envahi ce pays et n’importe qui de sensé sait qu’il ne vaut mieux pas déconner avec. En plus, les manières froides, hautaines et catégoriques que tu réussis à arborer ne peuvent que confirmer ton appartenance à la famille Siegward. Leur scepticisme est compréhensible, ton apparence n’a rien de royal. Pourtant, tu viens de sortir du portail qui est normalement utilisé par les dirigeants. Tu trouves une excuse pour finir de les convaincre, et ils te conduisent auprès de Roman.

Ce dernier est surpris de te voir. Content, mais surpris. Et inquiet. Compréhensible, toi-même tu n’as pensé à la possibilité de croiser tes parents qu’en arrivant ici. Il renvoie les gardes et interrompt son activité pour te guider vers un salon calme, et vous êtes à peine tranquille qu’il se jette sur toi pour t’étreindre et te souhaiter un bon anniversaire. Ugh. Ok. C’est bon. Tu vas finir par étouffer.

« Je euhm… Je voulais te remercier, Lucas m’a – t’es lourd à la fin ! - Lucas m’a passé ton message, merci ! »

Tout en lui disant ça, tu le repousses comme tu peux pour qu’il cesse ses démonstrations d’affection. Ta venue lui fait tant plaisir que ça ?? ça va non, pas la peine d’être aussi collant !

« Pourquoi tu ne lui as pas simplement demandé de passer le mot ? Je suis très heureux de te voir ici, ne t’en fais pas mais… Bah, peu importe. »

C’est risqué, tu l’as compris. Cependant, qu’est-ce que ça peut faire ? Tu étais seul, et hormis les passages trop espacés de Lucas, tu l’es toujours. Ton travail ne te plaît pas, la vie ne te plaît pas.  Agir stupidement et de manière risquée fini forcément par arriver. Roman n’insiste pas face à ton mutisme, comprenant que tu risques de devenir insupportable s’il t’emmerde. Tu es content d’être là et c’est suffisamment compliqué de rester concentré là-dessus pour qu’il ruine tout en mentionnant les risques. Roman te propose ensuite de t’installer, de manger et boire, puis de converser pour le reste de la soirée. Il te fera visiter la capitale demain, car il commence à être tard.

Le lendemain venu, il te réveille avec enthousiasme, expliquant que les ministres se chargeront de ses devoirs car il va S’AMUSER avec toi dans les allées festives ! Sa gestion est décidément catastrophique. Avisant ta tenue, il décide, avant de sortir, de te trouver des vêtements convenables pour te donner un air plus royal. Cet perspective te fait marmonner mais tu n’as pas le choix, et te voilà trop bien habillé pour une simple visite.

« C’est trop. »

« Non, c’est le minimum. Puis ça reste confortable, regarde ! »

Il fait de grands gestes pour illustrer son propos, démontrant que le tissu des tenues est souple. Super, mais encore ? Ça reste trop.
__

…Bon. Comment c’est possible… Roman était là, à côté de toi, et te voilà seul dans les rues étroites d’une ville trop dynamique ! C’est vrai, ça bouge de partout, les commerces sont bruyants, les gens s’activent dans tous les coins… Sérieusement, c’était inévitable ! Tu aurais dû être beaucoup plus attentif à partir du moment où Roman a dragué ce type, et puis cet autre encore, avec sa copine cette fois. Il a beau être gouverneur, il a vraiment pris ses aises et il semble bien accepté par la population. Dans l’immédiat tu t’en fous totalement, t’es complètement perdu. Demander ton chemin ne fait que t’éloigner du palais, car les gens ici ont un sens du commerce et du tourisme peut-être aussi développé que celui de ton pays. Sauf qu’ils sont plus honnêtes. Tu ne sais pas si c’est le résultat de l’invasion par ta famille, où s’ils étaient ainsi avant. Toujours pas la question que tu devrais te poser. En tout cas, ils sont très nuls pour indiquer la direction car tu te perds de plus en plus. Comme si le problème ne venait pas de ton sens de l’orientation.

De son côté, Roman te cherche, sans succès, jusqu’à ce que la nuit tombe et qu’il dépêche quelques gardes. Trop inquiet de ne pas te voir revenir le matin suivant, et craignant peut-être que tu aies emprunté le portail pour aller chez Lucas, il décide de contacter ce dernier :

« Votre majesté,
Auriez-vous, par le plus grand des hasards, aperçu Nicephore chez vous ? Nul besoin de vous inquiéter, votre réponse me permettra seulement d’éliminer d’office cette possibilité pour privilégier celle de sa perte. La situation est sous contrôle.
Bisous
Roman »

La situation est tout sauf sous contrôle, et signer « bisous » n’était pas du tout professionnel.

Tu as passé une nuit ABOMINABLE. Pas de logement, un égarement toujours plus chaotique, des rencontres pénibles et trop surprenantes… Tu n’as pas dormi. Tu espérais profiter du nom de Roman pour bénéficier d’une chambre dans une auberge, mais ton caractère désagréable et tes insultes répétées à chaque contrariété ont détruit tes plans. Normal. Si tu pouvais être poli parfois… Tu as donc fini par traîner dehors, puis par rencontrer plusieurs groupes de gens. Plus la nuit avance et moins ils sont recommandables, et ton attitude n’a pas aidé. Une catastrophe, une véritable catastrophe. Tu ne peux même pas t’installer dans une ruelle pour dormir, ça risquerait d’entacher la réputation de Roman et il n’a pas besoin de ça. Alors tu déambules, squattes quelques bars, t’endors sur des banquettes. Certaines rencontres t’offrent des verres car en quête de bavardage et d’inconnu. Ça te saoule, au figuré comme au littéral, mais ça permet au moins de passer le temps. On te propose de venir dormir chez untel, tu refuses mais untel insiste. Il finit par te traiter de connard arrogant quand tu supposes son rang inférieur dans la société, doutant ainsi du confort de son domicile. Tu n’en peux plus et ça devient impossible de ne pas retenir tes remarques vexantes. Ça t’attire toujours plus d’ennuis, alors tu t’éloignes vers les bois en périphérie. Tu voulais le faire plus tôt, sans savoir comment y accéder.

Roman rejoint rapidement Lucas à son arrivée, plus embarrassé que soulagé de le trouver ici. Après tout, tu es son frère et il devrait être capable de gérer ta disparition seul. L’intervention d’un roi étranger n’est pas nécessaire, même s’il s’agit de ton copain. Il s’approche donc avec un mélange de surprise, d’embarras et de légère impatience de Lucas, se recomposant vite fait pour être aussi aimable qu’à l’accoutumée.

« Bonjour ! Je suis sincèrement navré de vous avoir inquiété avec mon message, et ça m’embarrasse d’avoir perturbé votre emploi du temps pour si peu. Nicephore n’est toujours pas revenu mais nous avons eu quelques signalements… ça ne peut être que lui. Il est débrouillard donc je ne m’inquiète pas plus ! …Enfin… Il ne vaut mieux pas traîner. »

Il guide ensuite Lucas parmi les couloirs, jusqu’à la sortie du palais puis dans les rues de la capitale. Suivre ta trace n’est pas difficile vu la très bonne (pas du tout) impression que tu as fait sur les habitants de ce pays.  

Lucas choisit bien sa réponse, car elle plaît beaucoup à Roman. Il est content, et surtout très rassuré, que tu te sois trouvé quelqu’un d’aussi attentionné. Qu’il complimente en plus le palais et le personnel faut aussi très plaisir à ton frère, et il répond aussitôt que c’est effectivement un pays magnifique qui a su accepter son règne, et qu’il appartient davantage à son peuple qu’à son gouverneur. Il n’a pas la prétention de s’imposer et de tout dénaturer, peu importe l’avis de vos parents. A ton sujet, il dit avec un sourire ce qu’il pense réellement : que tu as de la chance d’avoir rencontré Lucas et que son sérieux est très apprécié.

La remarque de Lucas suite aux témoignages fait rire Roman, qui ne peut confirmer. Tout cela les mène sur ta piste, tandis que toi, tu te réveilles d’une sieste dans la forêt et décides enfin d’essayer de retrouver le palais. Avec ta dégaine pas fraîche et salie par tes gamelles dans la terre, on ne te laissera jamais rentrer. Sans compter le sang sur ton visage à cause de ton repas. …Repas dont tu as des doutes. Tu as bu cette nuit et avec la fatigue, l’alcool est vite monté. Est-ce que tu as profité d’avoir des gens sous la main, ou est-ce que tu as attendu de trouver une bestiole ? Quelle plaie. Visiblement tu ne te souviens pas de toute ta nuit.

Roman est un peu embêté à la question de Lucas, car oui, c’est souvent arrivé. Il répond après un instant de réflexion tout en prenant le chemin de la forêt.

« Vous devez bien vous en douter. Les circonstances étaient différentes et il finissait toujours pas rentrer. Le problème ici c’est qu’il ne connaît pas les lieux et qu’il n’est personne. Il n’a pas son titre de prince pour le protéger. »

L’invitation efface aussitôt la gêne passagère de ton frère, qui est très enthousiaste à l’idée d’affronter la sœur de Lucas.

« Génial ! Merci ! Sachez qu’elle est aussi la bienvenue dans ce pays, elle trouvera de quoi faire son bonheur dans la salle des armes. »

Et le voilà parti dans l’inventaire des épées qu’il aura à montrer à la demoiselle, ainsi qu’aux différents entraînements qui pourraient être amusants à faire. Bien sûr, tout en exposant tout ça il n’oublie pas de poursuivre sa route vers toi.
De ton côté, tu regagnes la ville d’une sale humeur. Tu veux juste dormir ! Et tuer Roman pour t’avoir laissé t’égarer. Mais surtout dormir. Tu ne pensais pas tomber sur lui si rapidement, croyant qu’il avait décidé de continuer sa vie tranquille dans son palais en attendant ton retour. Bien sûr, quand tu lui tombes dessus, c’est littéralement et pas autrement. Tu glisses sur de la terre humide et butes sur une branche, t’écrasant contre ton frère qui ne regardait pas devant lui. Le faisant tomber par terre, tu profites d’avoir le dessus pour lui mettre une claque avec colère.

« T’étais où ?? Qu’est-ce que t’as foutu pour débarquer seulement maintenant ?! T’es complètement con parfois, c’est pas possible ! »

Tu ne remarques Lucas que lorsque Roman contrecarre tes coups, que vous roulez dans l’herbe et que tu finis dos contre terre. Là tu te figes en voyant que Lucas est présent.

« L-L-Lucas euh tu mais que pourquoi qu’est-ce que tu comment ? »

Merci Nicephore, ça ne voulait rien dire.

Tu jettes un œil courroucé à Roman en entendant l’explication de Lucas. Il n’avait pas à le mêler à ça, t’as l’air de quoi maintenant ?? Tu aurais fini par rentrer, aucun des deux n’avaient à s’inquiéter comme ça ! Cependant… Tu dois admettre que ça te fait plaisir de voir la rapidité de réaction de Lucas, qu’il vienne effectivement de suite en te sachant perdu. Tu rougis légèrement en te disant que tu l’aimes vraiment beaucoup, et ça a pour conséquence de réveiller Roman qui te colle une main sur le front.

« Tu as de la fièvre ?! »

Tu vires sa main en marmonnant, gêné, et il finit par se relever et t’aider ensuite. Debout, tu époussettes les vestiges de ta tenue royale, sans être dérangé outre mesure par ton état chaotique. T’es sale, et alors ? Tu regrettes seulement de l’être en face de Lucas. D’ailleurs, quand il propose de rentrer, que tu prennes une douche et te reposes, tu es agacé pour un rien. Ta courte nuit empire ton irritabilité naturelle.

« Je ne suis pas un enfant, Lucas, je sais ce que j’aurais à faire en rentrant. Le château est loin d’ici ? »

Putain mais merde, tu peux pas répondre normalement ? Vous ne vous êtes pas vu depuis deux jours, et là tu l’envoies presque chier alors qu’il n’a rien dit de mal. Tu regardes ailleurs, puis soupires lorsque Roman répond que vous allez marcher vingt minutes. Tu prends difficilement sur toi et te mets en route en faisant bien attention à ne pas les perdre de vue pour ne pas reproduire l’erreur de hier. Ensuite, tu demandes à Lucas :

« Tu es ici depuis longtemps ? Pour savoir combien de temps Roman a mis pour supposer que j’étais chez toi. »

Tu regardes Lucas sans comprendre lorsqu’il te tend un mouchoir, avant de te rappeler que tu as sûrement du sang, de la terre et même peut-être de l’alcool sur la figure. Oui bon t’as vraiment l’air de rien. Tu t’essuies rapidement puis fourres le mouchoir dans ta poches sans songer à le rendre à Lucas. Il est occupé avec Roman, de toute façon. Il te répond ensuite qu’il est ici depuis ce matin, étant parti dès qu’il a vu le message de ton frère. Tu ne comprends pas son air boudeur, car même en partant hier ils auraient eu du mal à te trouver de nuit.

« Pour me retrouver plus rapidement ? »

Tu ralentis un peu ton rythme pour te mettre à leur niveau et ne pas te tromper de route, te mettant du côté de Lucas pour être proche de lui. Il ne te vient pas à l’esprit que tu lui as répondu trop sèchement tout à l’heure. Roman te demande alors ce que tu as fait de ta nuit, curieux.

« Ben j’ai… A ton avis ? J’ai essayé de trouver le château, et je me suis égaré, j’ai croisé des gens. Hm… C’était très long. »

Tu hausses les épaules et Roman soupire face à cette réponse trop succincte. Il compte évidemment demander plus de détails tout à l’heure, car il n’est jamais satisfait des réponses courtes. Vous arrivez au château et tu n’as rien le temps de faire que Roman te guide rapidement vers la plus proche salle de bain pour t’y jeter.

« On va croire que je fais la charité, va donc te laver ! Je t’apporterai des vêtements. Majesté, voulez-vous prendre un thé en attendant que Nicephore revienne ? Il est tellement lent qu’on passerait la nuit à l’attendre. »

Tu passes la tête hors de la salle de bain, ton haut à moitié retirer.

« J’ai entendu ! Arrête de dire n’importe quoi ! »

Roman a un sourire amusé et ne te répond pas, t’ordonnant simplement d’aller te laver une bonne fois pour toute. Tu lèves les yeux au ciel et refermes la porte. A la sortie de la douche, des vêtements t’attendent et tu es perplexe. Qui les a mis là, quand, comment ? Tu es soudain très gêné. Roman a peut-être un manque de pudeur incroyable mais ce n’est pas ton cas. Changé plus ou moins rapidement d’une tenue aussi joliment travaillée que la précédente, bordeaux cette fois, tu sors de la salle de bain et sursautes quand un domestique se plante devant toi en te disant de le suivre. Suite à ça, tu rejoins rapidement Lucas et Roman.

« Super la couleur ! J’avais hésité avec bleu sombre mais c’est bien aussi comme ça. »

Tu veux disparaître sous terre, mais à la place tu vas t’asseoir à côté de Lucas.

La remarque de Lucas sur ta lenteur fait rire Roman, qui lui confirme que tu as toujours été lent quand on te permettait de prendre ton temps. Il te décrit ensuite comme un enfant vif d’esprit, curieux, plein de volonté pour se faire bien voir et adorable, bien que cet aspect soit plus difficile à affirmer. Sur ce dernier point, il précise :

« Il l’était, ne vous méprenez pas, mais il était aussi très caractériel. Nos rapports n’ont pas toujours été simples, vous vous en doutez. Pour ma part, j’ai eu du mal à l’accepter comme mon f- »

Il se tait lorsque tu arrives, changeant rapidement de sujet pour complimenter ta tenue. De ton côté, tu rougis légèrement lorsque Lucas s’amuse avec une mèche de cheveux encore humide, et tu devines que sa remarque sur le thé n’est là que pour t’embêter. Quel sadique ! Tu lui donnes un petit coude de coude en te servant du thé. C’était une mauvaise idée, tu en renverses à côté. Tu aimerais bien que vous soyez seulement tous les deux pour le taquiner en retour, car en ce moment c’est précisément la présence de Roman qui fait que tu es gêné avec le geste de Lucas. Ton frère est amusé, à côté. Toujours rouge, tu réponds :

« Elle ne l’était pas tant, c’était surtout chiant. En plus je me souviens pas de tout. »

Roman fronce les sourcils en entendant ça, et te demande si tu te souviens des lieux visités.

« T’es sourd ou quoi ? »

Tu n’ajoutes rien et sirotes ton thé.

Aaah !! Il veut t’achever ou quoi ?! De plus en plus rouge, tu essaies de virer la main de Lucas pour qu’il arrête de t’embêter devant Roman. Tu ne peux pas répliquer autrement à cause de ton frère. Ce dernier n’est pas satisfait par ta réponse, évidemment, car il a beau savoir où tu t’es rendu d’après les témoignages, ça ne dit pas tout. Il laisse vite tomber, comme tout le temps, afin de ne pas provoquer une dispute futile. Heureusement que Lucas le distrait en disant qu’il n’y a plus de gâteaux, il peut s’occuper en allant demander à ce qu’on en apporte d’autre.

De ton côté, le baiser dans ton cou te fait lâcher la tasse de surprise et d’embarras. Tu écrases donc le pied de Lucas pour te venger, puis tu tires sur son col pour lui dire rapidement dans l’oreille :

« Profite de pouvoir t’amuser, tu vas regretter bientôt. »

Tu le lâches brusquement quand Roman revient vers vous, pas si étonné de voir ta tasse par terre. Il te regarde, regarde la tasse puis Lucas, pour finalement demander à quelqu’un de nettoyer, hilare.

« Majesté, avez-vous la possibilité de rester un peu ici ? J’avais une fête de prévu ce soir et je doute que Nicephore apprécie d’être seul. »

Tu te tends à la mention d’une fête et jettes un regard noir à Roman.

« Je… Je comptais partir avant. »

A vrai dire, tu comptais rester mais l’idée d’une fête ne t’enchante pas. Roman le sait pertinemment, raison pour laquelle il te fait sa tête de chien battu. Problème, tu n’es pas sensible à ça et refuses encore.

« Mais s’il te plaiiiiit Nicephore, t’as pas envie de danser ? »

Si, mais pas de participer à une soirée pleine d’inconnus dans un pays que tu ne connais pas et que tu as seulement visité dans ton égarement.

Lucas serait ravi de rester, et tu dois avouer que ça te fait plaisir de passer plus de temps avec lui. Pas de participer à une fête. Roman, touché par la remarque de Lucas, fait un sourire charmeur et assuré.

« C'est impossible, évidemment, il faudrait être sans coeur pour ne pas réagir. N’est-ce pas Nice-EH. »

Tu lui jettes un gâteau en plein figure avant de soupirer.

« Oui bon ça va, je passerai un peu de temps à ta foutue fête. »

Nouveau sourire de Roman, satisfait cette fois-ci.

« Ton anniversaire était il y a deux jours, raison de plus tu penses pas ? Pour vous répondre majesté, les convives arriveront vers… 19h. »

Connaissant ton frère et son goût pour les soirées avec le peuple, tu sais que les convives en question seront de statuts très variés. Ne pas avoir les parents pour régir ses fréquentations doit lui apporter une énorme liberté, ça fait plaisir de le constater. Tu n’as pas à t’inquiéter pour sa sécurité. Il est proche de tout le monde mais pas stupide, il ne prendra pas le risque de se faire tuer. Bon, ça se voit pas forcément. Il se lève rapidement et frappe dans ses mains, déclarant qu’il doit terminer les préparatifs et qu’il est content de vous compter parmi les invités. Puis il s’éclipse en vous ordonnant d’être au point pour ce soir.

Lorsqu’il est parti, tu soupires à nouveau et laisses tomber ta tête sur l’épaule de Lucas.

« Pourquoi avoir accepté ? …Hm, les fêtes avec Roman sont réputées pour être… mouvementées mais quand même. T’es pas fatigué ? »

Puis tu te rattrapes et bafouilles en réalisant que tu donnes l’impression de vouloir le virer.

« Euhm te, t’en fais pas, ça me fait plaisir de passer la soirée avec toi. »

Tu laisses Lucas te caresser les cheveux, tu apprécies mieux ça maintenant que vous êtes seuls. Quand il répond qu’il n’a jamais été à une fête organisée par ton frère, et qu’il avait l’air de vraiment y tenir, tu grimaces. Cette expression est bien vite remplacée par un léger sourire en entendant la suite. Tant mieux s’il n’est pas fatigué, il aura besoin de beaucoup d’énergie pour tenir toute la soirée. Toi, tu sais d’ores et déjà que tu n’auras pas la force et le courage de tenir jusqu’au matin, voire au midi et au lendemain soir. Souvent, Roman organise des soirées qui deviennent des weekends. Lucas rejoint d’ailleurs tes pensées en ajoutant que si tu veux te reposer, tu le peux. Ta nuit a bel et bien été désastreuse.

« Hm oui, je vais faire une sieste. »

ça évitera les soucis de sociabilité ce soir.

« Tu sais, Roman a toujours l’air de beaucoup tenir à ce qu’il dit et propose. C’est un beau parleur, convaincant et convaincu. Tu tombes dans tous ses pièges. »

Des petits pièges, ton frère n’a pas mauvais fond. Tu embrasses Lucas puis ajoutes :

« Concernant la danse, je vais te ridiculiser devant tout le monde, t’as pas peur ? Et je sais bien que tu me garderas, je compte faire pareil. »

Tu t’étires ensuite et te lèves pour aller demander à une domestique si tu as possibilité de te mettre quelque part pour te reposer. Ça te gêne, t’es pas chez toi et tu crains de te perdre dans le château, mais tu as plus que tout besoin de dormir. Elle répond positivement à ta demande, proposant à Lucas de la suivre également pour qu’il puisse se réarranger pour ce soir.