Il n'y avait qu'Owen et moi dans la chambre en ce moment, je me demande ce que faisait Raphaël pour être aussi long. Peut-être qu'il profitait d'un peu de temps avec sa petite-amie, même si la sous-directrice avait dit qu'il fallait être dans nos chambres respectives. Quoiqu'il en soit, j'avais entamé la discussion avec mon camarade. Si moi, j'avais légèrement mal au dos, lui avait mal au bras, preuve supplémentaire de la non sûreté de ces lieux. Il avait cependant raison, tout le monde était sain et sauf, avec des blessures et des peurs, certes, mais sans blessures graves, pour l'instant. Au moins, je n'étais pas le seul à penser que l'ambiance de cet endroit était lourde, je dirais même plus, oppressante. Peut-être nos instincts sauvages qui nous avertissaient du danger qui est omniprésent pour nous. J'hochais la tête, rajoutant quelques arguments allant dans son sens.

-Oui, et c'est épuisant aussi... je sais pas si j'arriverai à dormir ce soir, je me fais pas mal de souci et cet endroit me stresse.

Je soupirais légèrement, mes sens étant en permanence à l'affût. Pour la première fois, j'avais envie de sentir une autre odeur que celle de la forêt, celle des fraises. Il y avait plusieurs choses qui faisaient que je commence vraiment à apprécier cette odeur. Pour commencer, ça me rappelle le braquage des tartelettes aux fraises à la cantine avec Miya, et ça me rappelle aussi Alysse. Elle sent toujours la fraise, il était donc normal qu'à force, j'associe ce fruit à sa présence.

Owen me demanda alors si je comptais alors me servir de la salle de bain ou si je comptais juste me changer. Me laver serait pas de refus, surtout pour me remettre les idées au clair.

-Tu peux y aller en premier si tu veux, je reste ici pour l'instant. J'irais après toi, on va dire que je monte la garde, au cas où. D'ailleurs, je me demande où est l'autre garçon. On devait être 3 à la base, non?

Je n'avais pas besoin de me laver tout de suite, je ne suis pas du genre à me faire passer avant les autres. Si jamais il y avait un danger, je serais le premier à réagir, même s'il n'y a pas encore eu d'autres manifestations de la part du manoir.

Event Halloween

feat everybody

Mon travail était d'assurer la sécurité de tous et le bon déroulement de la sortie. Je n'ai pu assurer ni l'une ni l'autre de ces fonctions et cela m'agaçait. Je suis la présidente du comité de discipline, et faillir à mes tâches n'étaient pas dans mes habitudes. Voulant prendre les témoignages de mes partenaires de chambre, j'entendis Alysse parler de Nolan qui a été blessé, ce qui accentua mon impuissance face à tout ces événements. Owen n'était donc pas le seul blessé, il y en avait un deuxième qui l'a été. Je prenais donc note de ce qu'elle m'avait dit.

En revanche, le commentaire de la blonde, j'aurais pu m'en passer. Ce n'était pas le genre de choses à dire pour remonter le moral des autres, surtout que l'avis sera toujours pris en compte quand il s'agit de la sécurité des élèves. Au moins, elle n'était pas blessée, mais je voulais tout de même lui répondre et lui faire part de mon mécontentement.

-Très bien, merci. Et je pense que quiconque possédant un minimum de bon sens et de jugeote comprendra que ce rapport aura une certaine importance pour éviter de nouveau ce genre d'incidents.

Je ne cherchais pas à la provoquer, ni à l'ignorer, je répondais simplement à ses paroles, en étant la plus indifférente possible. La sous-directrice sera sans doute là pour appuyer mes propos, quand bien même nous ayons eu un différend peu significatif. Cela dépendait de son implication au pensionnat, et si l'était un minimum, elle saura prendre la bonne décision. Lorelaï partant se doucher, il ne me restait plus grand chose à faire, mis à part continuer et terminer à prendre des notes.

Soudain, une voix retentit dans la salle de bain. Avec qui parlait-elle? Il n'y avait pas de réseau ici et aucun garçon n'avait pénétré ces lieux, à moins que ça soit son petit-ami qui soit venu en cachette. Si c'était le cas, elle violerait les règles que la sous-directrice avait fixé quelques minutes plus tôt. Quel fléau, même en ces moments difficiles, il y avait des gens qui ne respectaient pas le règlement. Me levant, je toquais à la porte de la salle de bain, curieuse.

-Tu discutes toute seule, ou tu es au téléphone? J'espère juste que ce n'est pas un rendez-vous avec ton copain, car c'est interdit.

Ce n'était pas normal, qu'elle discute toute seule. Bref, je prêtais une oreille attentive à ce qui allait se passer, sans rentrer dans la pièce pour autant. Des gens s'étaient blessés, ce n'est pas pour ce que des anarchistes aggravent la situation, surtout que derrière moi, il y avait une personne qui avait besoin de ces règles pour se protéger.

Owen était parti se doucher et j'étais resté sur mon lit, aux aguets. Mon instinct ne se trompait pas, je sentais que quelque chose clochait par ici. Je me sentais observé, comme si je n'étais qu'une proie. Je déteste cette sensation, je veux savoir qui se moque de moi. La porte s'ouvrit et je vis Raphaël faire son entrée, ce qui me calma un peu. Nous étions désormais tous là, mais ça ne retira pas cette sensation de me faire observer en permanence, surtout que je commençais à voir des ombres bouger. Je n'aimais vraiment pas ça, et j'avais envie d'être ailleurs. Rien de tout cela m'inspirait confiance. Quand l'hybride sortit de la douche, il confirma que lui aussi, avait ressenti une présence. Qu'en pensait l'ange à ce sujet? Il pouvait confirmer que lui aussi, ressentait quelque chose?

-Je sens qu'on est pas seuls ici... Je vais sortir un peu, pour enquêter.

Sans plus attendre, je sortis de la pièce, et me retrouvait dans le couloir. La chambre des filles n'était pas loin de la nôtre, et rapidement, une pensée vint pour Alysse. Si je craignais la situation, comment, elle, devait se sentir? J'avais pas envie qu'elle ait peur ce soir, alors peut-être que ma présence la rassurerait, même un peu. Après, je ne me faisais pas tant d'inquiétude, elle était dans la même chambre que la présidente du comité de discipline après tout, il n'y aura pas de débordements. Je toquais à la porte de la chambre, demandant Alysse. Je ne sais pas si c'est elle qui viendra m'ouvrir, je voulais la voir.

-Alysse... je pourrais rester un peu avec toi? Je ne serais pas long...

Je voulais prendre de ses nouvelles, mais Anastasia ne sera sûrement pas d'accord, quand bien même je n'enfreignais pas les règles. Et si elle venait avec moi, elle risquait de les enfreindre aussi, et je ne voulais pas lui causer d'ennuis. Soit je parlerais avec Alysse devant la porte, soit elle viendra avec moi dans le couloir. En fonction de l'endroit, j'adapterai le ton de la voix, car je voulais que personne ne nous entende. Si nous étions dans le couloir, je pourrais parler normalement.

-Tu vas un peu mieux du coup? Pour ma part... il se passe des choses étranges et ...

Je rougissais un peu, la suite de mes mots étant gênante, j'avais peur qu'elle le prenne mal ou qu'elle voit ça comme une obligation. De toute manière, elle pouvait lire dans mes pensées que je voulais juste rester avec elle et être rassuré.

-Je me sentirais plus rassuré si on pouvait rester ensemble un peu. Désolé, c'est un peu égoïste.

J'avais peur pour elle, mais j'avais aussi peur pour moi. Devant les autres, je dois me montrer fier et courageux en toute circonstance, mais face à un danger que je ne voyais pas, je me sentais pas très confiant, et peut-être que le fait de rester avec elle me rassurerait, ça me ferait du bien! Elle trouvera sans doute quoi faire pour me redonner le sourire, comme elle l'a toujours fait.

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Elle avait beau être plus âgée que moi, ce n'était pas une raison pour que le règlement soit bafoué. La blonde était agacée et même si elle se fichait de mes dires, cela ne m'empêchera pas de faire régner l'ordre dans cette chambre, dans toute la résidence. Les élèves ont déjà eu assez de problèmes aujourd'hui, ce n'est pas pour que des rebelles ne compromettent encore plus la situation. Ses remarques ne m'atteignent guère, me contentant de soupire et de lui expliquer clairement la situation.

-Je ne faisais que te rappeler tes droits. Tu peux faire ce que tu veux tant que c'est autorisé. Parler toute seule ou avec des fantômes, peu importe.

Que dire de plus? Répondre par de la provocation, cela ne servait à rien, mis à part à provoquer encore plus de problèmes et de discorde, ce dont on avait pas besoin. On toqua à la porte, et en voyant le jeune élève demander sa camarade, je fis une petite grimace, mais au moins, il n'entra pas. Il a dit que ça ne sera pas long, et ça n'était que pour discuter. Visiblement, ils avaient envie de parler une dernière fois avant de dormir. Ce n'était pas interdit, mais il fallait être très prudent. Je regardais alors la plus sage des deux filles partir, lançant un avertissement d'un ton neutre.

-N'allez pas trop loin et pas trop longtemps. Mieux vaut être prudent.

Ils partirent alors à l'extérieur, de toute façon, si c'était juste pour parler, ils n'iraient pas trop loin, et vu le genre des deux élèves, ils n'étaient pas du genre à jouer les explorateurs. Le commentaire de la plus âgée me fit cependant tiquer. Quel manque de délicatesse, c'était effarant. Je ne me contentai alors de rouler des yeux et me diriger vers la salle de bain afin de me laver, non sans déposer un dernier commentaire.

-Ils n'ont pas l'air de ce genre. L'une est timide et l'autre beaucoup trop respectueux. C'est une certitude.

Sur ce, j'entrai dans la salle de bain et commençai à me laver. Il y avait bel et bien une sensation étrange par ici, je me sentais un peu observée, mais ça devait être le fruit de mon imagination. Dans le doute, je restais prudente, car qui dit pensionnat magique, dit événements magiques, et pas dans le bon sens du terme. Je me dépêchais donc de me laver et une fois cela fait, je me séchai puis je sortis de la salle de bain avant de me glisser dans mon lit. Maintenant, un seul problème allait se poser : Comment retirer mes lentilles en toute discrétion? Dans le doute, je préférais me glisser dans le lit et attendre qu'Alysse revienne et qu'elle s'endorme, afin de pouvoir dormir à mon tour. Personne ne devait me voir avec mes couleurs d'yeux naturelles, ma couverture serait compromise dans le cas contraire.

Alysse m'avait tendu une fiole sentant la fraise. Étais-ce son parfum? En tout cas, il sentait bon, et lorsque ma main frôla la sienne, j'ai craint le pire, en imaginant qu'elle aurait mal réagit au contact. Cependant, elle n'avait pas l'air contrarié, comme s'il ne s'était rien passé. Le fait qu'elle ne dise rien me faisait presque sourire, car cela montrait une certaine confiance, qui différait totalement avec notre première rencontre. Quand je vois à quel point les choses ont évolué, ça me faisait sourire. Sentant l'odeur de fraise, il était difficile de ne pas voir les similitudes avec l'odeur de la jeune femme. C'était sans doute ce qui permettait de la rassurer aussi. Je la regardais alors, avec un regard chaleureux.

-Ça sent bon... la fraise, ça m'évoque que des bons souvenirs... et de bonnes personnes, n'est ce pas, p'tite fraise?

Bien entendu, je parlais d'elle à la fin de ma phrase, même si cela pouvait aussi évoquer ma sœur. Depuis que j'avais senti l'odeur de ce flacon, je n'arrivais à sentir que cela venant d'Alysse, mes sens ne se concentrant que là dessus. C'était parce qu'elle sentait la fraise qu'elle était une aussi bonne personne? Ou bien c'était parce qu'Alysse était incroyablement gentille que je trouvais cette fragrance si agréable? Je continuais donc à discuter avec elle pendant quelques instants, sans que personne ne vienne nous déranger. Je sentais toujours qu'il y avait une certaine présence qui nous observait, mais avec Alysse à côté de moi, j'avais l'impression d'être tranquille. Je lui souriais à nouveau, pouvant librement lui parler en tête à tête.

-J'espère que ça va aller pour cette nuit. Après, mieux vaut pas qu'on reste trop longtemps ici, mais j'avais envie de te voir avant de dormir... Ça me rassure.

Si jamais on s'absentait trop longtemps, on risquait d'avoir des ennuis, surtout qu'avec la présidente du comité de discipline, on devait filer droit... et si la sous-directrice apprenait qu'on n'était plus dans nos chambres, ça serait encore pire. Je me préparais donc à rentrer, quand un drap nous enroula, me retrouvant lié à Alysse, nos corps et nos visages se touchant quasiment. Voir Alysse d'aussi prêt me fit rougir et la force sur le drap était telle qu'il m'était impossible de bouger ou de m'en décoller. C'est en balbutiant que je parlais à la jeune humaine.

-A-Alysse... ça va?

Mes mains étaient serrées et entouraient mon amie en haut du dos, comme si je lui faisais un câlin. Il nous était impossible de bouger tant qu'on avait pas reçu de l'aide. Si j'étais gêné quand à cette position, j'osais à peine imaginer ce que devait ressentir Alysse. Son odeur de fraise était si agréable, mais je ne devais pas me laisser aller et penser ce genre de choses! Si jamais je devais me retrouver aussi près d'elle, je voudrais que ça soit voulu, non forcé! D'ailleurs, ses yeux sont vraiment magnifiques vu d'aussi près... Non, je devais penser à autre chose, elle allait le voir!

-Si ça te gênes... fermes les yeux et pense à autre chose, il faut qu'on reste calme...

Je ne voulais pas qu'elle panique et qu'elle pleure comme lors de notre première rencontre, c'est une chose assez dure à supporter, surtout que ça ne me ressemble pas, surtout que je ne pourrais même pas essuyer ses larmes dans cette position.